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Dans le cadre des réflexions menées par le Syndicat des éditeurs alternatifs (association créée en 2014 regroupant aujourd'hui plus de quarante éditeurs de bande dessinée), L.L. de Mars a élaboré un système de circulation et de commercialisation du livre avec la volonté farouche de s'abstraire enfin des rouages écrasants d'une distribution industrielle autodévorante. Reposant sur des principes de fonctionnement communaux, voire communistes, ce modèle prétend assumer d'offrir enfin visibilité et accessibilité aux innombrables merveilles émergeant d'une production fragile, précieuse et souterraine. Derrière ses atours utopiques, se révèle un projet aussi concret que réaliste, abordant avec une force d'imagination inédite la question du politique et de l'engagement dans le champ de la production éditoriale autant que dans celui de la diffusion de l'art et des savoirs.
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L.L. de Mars mobilise l'utilisation du lieu-commun de "grand public" comme révélateur d'une perspective idéologique capitaliste, en ce qu'elle sous-entend par avance les attentes prétendument nécessaires à toute création pour atteindre - en la flattant - l'audience la plus étendue possible
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Henri, le lapin à grosses couilles est un faux vrai livre pour enfants (et non l'inverse).
Hilarante fable sur un petit lapin à lunettes - qui se fait moquer par tous les animaux de la forêt du fait de sa paire de testicules totalement disproportionnée - et deviendra un héros dans sa petite communauté animalière en sauvant Heliette, petite lapine handicapée suite à un accident. On pourra y voir, comme souvent dans les fables, une parabole dont le thème est, on s'en serait douté, un plaidoyer pour le respect des différences. Dans un pur style «il était une fois», Henri le lapin à grosses couilles sait faire rire les grands (parents ou pas) par le pastiche qu'il propose sur la sage littérature enfantine, et bidonne de rire les marmots par l'approche originale de la thématique qu'il propose.
Initialement paru en 2004, l'auteur, LL de Mars, l'a conçu pour son propre fils.
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6e texte théorique de L.L. de Mars publié chez Adverse, cette fois consacré à l'auteur Chris Ware (précédemment publié dans le n° 8 de la revue Pré Carré). En s'intéressant à des questions de représentation travaillant au sein du riche corpus Warien, L.L. de Mars élabore une théorie révélant l'influence déterminante d'une certaine monstruosité positive à l'oeuvre dans le cinéma animé du début du siècle (notamment les cartoons américains), invitant à considérer la spécificité d'enjeux esthétiques absolument dégagés de l'histoire canonique de l'art.
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Dans ce 2e opus pamphlétaire de L.L. de Mars, après Bande dessinée et grand public, l'auteur s'attaque avec l'intensité qu'on lui connaît à démonter par le menu les vaines tendances majoritaires de l'exposition DE bande dessinée (scénographies réalisant en volume « l'univers » d'un album, fétichisation de la planche...), pour déployer ici par un texte critique les possibles de l'exposition EN bande dessinée.
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Qui a besoin d'une théorie du dessin ? A priori, personne : dessiner semble être l'activité la plus libérée de toute contrainte qui soit. Et pourtant, notre histoire est jalonnée - depuis que le dessin s'est constitué en acte singulier, distinct, dans l'Histoire Naturelle de Pline - de ces théories du dessin qui sont aussi inextricablement liées aux théories des couleurs qu'elles sont séparées d'elles par ce dialogue lui-même. Comprendre les certitudes métaphysiques, les visions anthropologiques qui ont gouverné ces théories, c'est ce qui permettra d'éclairer ce que signifie dessiner quand on fait sauter le dernier maillon d'une lourde chaîne platonicienne : celle qui tient encore le dessin prisonnier de vieux mirages philosophiques
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Quatrième texte de L.L. de Mars pour la partie critique et théorique de la maison Adverse, ici une reprise augmentée d'un texte initialement abouti à l'occasion des 20 ans du site du9.org. Encore un texte à "sujet" (après la librairie, le grand public et l'exposition) à destination de tout amateur de bande dessinée et plus généralement de questions critiques appliquées.
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Chronique émotionnelle de l'écroulement d'un monde, Sous les bombes sans la guerre évoque les derniers moments de la vie d'un homme, accompagné de son fils. Ce dernier est représenté sous les traits de Pif le chien, personnage créé en 1948 par José Cabrero Arnal pour le quotidien L'Humanité. Le père a l'apparence de Top, précurseur de Pif, né en 1935. Submergés par un déluge de larmes, de sang et de bombes métastasiques, nos deux animaux aux traits ronds se retrouvent confrontés à l'abîme d'une aventure inéluctable. L'écoulement du temps se fait erratique, le lecteur est embarqué dans des allers retours incessants entre le présent à l'hôpital et les réminiscences altérées d'un passé enfoui à jamais, mettant par exemple en scène Top chevauchant sa fameuse fusée, attaqué par des moustiques géants ou encore prisonnier d'un camp d'internement pendant la guerre d'Espagne. Cet univers instable se déploie dans un livre au format ample où se croisent tableaux inspirés de la peinture chrétienne et planches de BD classique, communisme et religion, souvenirs du père et du fils.
Réalisé en tirage limité du fait de son façonnage artisanal, Sous les bombes sans la guerre est un objet bâtard mettant en regard expérience intime et culture populaire.
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Bandes dessinées ; manuel de l'utilisateur
L. L. de Mars
- Ab Irato
- Abibulles
- 26 Avril 2019
- 9782911917691
Voici un livre abondamment, savamment documenté qui lève le voile pour la première fois sur le monde mal connu, à la fois si proche et si lointain, de la bande dessinée dite indépendante. Établi sur des faits réels et une connaissance intime de ses rouages, il le traverse avec une foule de détails et d'anecdotes surprenantes.
Faisons le pari que si elle vous guérit à jamais de l'envie de créer, d'éditer ou de vendre des bandes dessinées, cette promenade dans les mondes du dessin, de l'édition, de la critique, de la diffusion, de la librairie, de l'exposition, des salons, éclairera d'une lumière nouvelle votre plaisir à en lire.
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Présentées sous forme de strips aux couleurs bistres - et qui rompent avec l'usage traditionnel du récit court à chute -, les scènes de Vies de la mort agissent par petites touches pointillistes. Peu importe leur ordre de lecture, on suit pas à pas une approche singulière de la question « inordinairement ordinaire » de la mort.
Très loin d'un simpliste « recueil de gags », le récit insiste, avec acidité, sur le travail de la mort comme un accompagnement quotidien de la vie et non plus comme une simple clôture de celle-ci, dont elle serait l'accident.
Les situations des vivants résonnent en nous tandis qu'elles parcourent le spectre de notre réalité. L'humour allié au tragique semblent le lien inéluctable qui nous guide à la rencontre de l'ombre funeste.
Drôle et révoltant, explicite et rêveur, l'auteur nous berce dans nos peurs profondes avec ce livre irradié par l'absurdité des choses.
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Après un premier texte critique consacré à la question des expositions DE bandes dessinées, essai qui revenait essentiellement sur les diverses approches majoritaires pour mieux les invalider, L.L. de Mars prolonge son sujet en glissant cette fois vers la prospective de l'exposition EN bandes dessinées. S'appuyant largement sur ses propres recherches et enrichi d'une iconographie généreuse, "Bandes dessinées exposées" s'affirme alors en manifeste pour l'invention.
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Dessiner un Tarzan. Se replonger dans le premier récit : naissance de Tarzan, mort de ses parents, substitution par une guenon du petit humain au bébé qu'elle a perdu, ceci jusqu'à la mort du singe dominant que Tarzan remplacera. Travailler avec l'arrière-plan de Johnny Weissmuller cognant des crocodiles et des lions, avec les bandes dessinées furieuses de Hogarth, mais aussi avec les médiocres adaptations surnuméraires de Sagedition... Le Tarzan de L. L. de Mars retrace autant la genèse de Tarzan que la découverte d'une vieille adaptation, muette, à moitié détruite, parcellaire, de cette genèse. En parallèle, dans une constellation de commentaires en strips, se déroule l'histoire éditoriale d'une nouvelle version de Tarzan qui fait un scandale miteux. Il fallait au moins autant de voix pour revenir au monde la BD, à ses lecteurs, ses auteurs, se déchirant sur des questions aussi stupides que BD populaire / BD pas populaire, avant-garde / ringardise, sérieux du message / nécessité de la distraction etc. De bien inutiles et inféconds couples d'opposition pour penser quoi que ce soit...
Tout en conduisant - sans soucis de savoir si son Tarzan est un récit populaire ou pas - un récit classique muet, pour cette histoire mille fois racontée, L. L. de Mars déroule une autre histoire en regard, qui l'éclaire de façon bavarde et agitée, sur un mode burlesque ; il joue entre le mode explicatif et sa singerie, entre le sérieux et le ridicule, le profane et le sacré.
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On considère ce qu'on voit, dans une bande dessinée, dans une double évidence : l'image ne laisserait rien échapper à notre regard, elle serait toute entière affirmation d'elle-même ; et l'image serait rendue plus évidente encore par le récit, dont elle ne serait que le contexte. Mais si le fait même de regarder devenait l'objet d'un récit ? S'il n'y était question que des rapports entre différents moments du regards, différentes façons de regarder, différents angles de vues ? et si cette question prenait son sens dans des questions politiques, celles par lesquelles un monde, une nation, une cité, se construit précisément en donnant à voir uniquement certains points de vue et en les appelant "réalité" ? Dans le chaos apparent des images de ce livre se dessine une forme d'éducation au regard, au discernement, à la conscience rénovée de la puissance politique des images.
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Tout récit fait d'une inconnue son épine dorsale : le meurtrier du récit policier, le gâchis ou le vertige du récit amoureux, le victorieux du récit guerrier.
Imaginons une inconnue amorphe, plastique, changeante, une inconnue qui ne soit pas seulement l'ossature ni l'objet d'un récit, mais son virus, sa méiose ou son clinamen. Traversant les discours, les classes sociales, les milieux - en un mot : les mondes - elle effrite les langages, les relations humaines, elle fait branler les certitudes et affecte jusqu'au dessin lui-même. Tout ce qui est approché est altéré d'avoir été approché.
"Hors-sujet" observe le récit par le prisme d'une optique mutante, croisement improbable entre un microscope et un kaléidoscope et le cours de l'histoire en est d' autant plus incertain que son objet est, contre toute attente, le lieu commun.
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Plusieurs lièvres à la fois
L. L. de Mars
- Six Pieds Sous Terre
- Lepidoptere
- 2 Décembre 2005
- 9782910431808
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Ceux qui l'ont fait, savent que traverser des continents ne garantit pas la rencontre avec l'altérité : au bout du chemin, vous avez toutes les chances de ne rencontrer que vous-mêmes, vos certitudes, vos aprioris, vos limites. Mais traversez votre jardin, votre palier, et allez voir votre voisin : votre monde vacille, vos certitudes morales s'écrasent contre un mur, tout ce que vous teniez pour évident se fissure.
Dans une bande dessinée, on considère ce qu'on voit comme porteur d'une double évidence : l'image ne laisserait rien échapper à notre regard, elle serait l'affirmation d'elle-même rendue plus évidente encore par le récit, dont elle ne serait que le contexte. Et si le fait même de regarder devenait l'objet d'un récit ? S'il n'y était question que de rapports entre différentes façons de regarder, angles de vues, moments du regard ? Et si cette question prenait son sens dans la sphère politique, où un monde, une nation, une cité se construisent en ne donnant à voir que certains points de vue appelés "réalité" ? Dans le chaos apparent des images de "Moins par moins" se dessine une forme d'éducation au regard, une conscience rénovée de la puissance politique des images.
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À l'origine de ce livre, deux matrices de travail visant à assurer la plus grande ouverture à la prospective pour un jeu de construction mental et dessiné : une vierge à l'enfant, en tant que motif fondamental de siècles de peinture, scène instituant l'événement majeur du christianisme : l'incarnation ; en opposition, l'étirement d'un monde à peine touché par le temps, sans événement : le paysage.
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15 jours avant le monde
L. L. de Mars
- Six Pieds Sous Terre
- Lepidoptere
- 21 Janvier 2005
- 9782910431587
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Constitution ou poemes de la faillite
L. L. de Mars
- Le Mot Et Le Reste
- 16 Septembre 2004
- 9782915378054
«Ses poèmes de la faillite, outre d'un sens de l'échec, témoignent d'une culture littéraire assez rare chez un jeune auteur. Il a lu les Anciens (les Grecs sûrement), il fréquente les Américains (de Pound, aux Beatniks et à la New York School). Il écrit parfois tordu et souvent brisé, parce que ça ne lui coule pas de cette source où tant de Narcisse s'épanchent. Il ne cède pas davantage à l'un de ces petits formalismes systématiques qui, loin de tirer la langue, aident surtout à tirer à la ligne. La différence, est que ce type ressent l'histoire (la réelle, pas la symbolique ou imaginaire) et qu'il a plus d'expérience que de discours. Il y a dans son livre de l'épique sans y croire, du lyrisme qui se réfrène, mais qui sont là tous les deux à s'agiter. Enfin !»
Jacques Demarcq
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Dans un grand éclat de rire ravageur, L.L. de Mars a décliné ses dessins-décès suite au suicide de son ami Michel Vachey. Une volonté effrénée de connaître le trépas, volontaire ou non, mène la sarabande des morts violentes. Au fil des pages, la fin dernière se fait magistrale, dérisoire, absurde, sophistiquée, quand elle ne se contente pas d'une évidente banalité, revendiquée comme définitive liberté individuelle dans la pire des situations totalitaires, sardonique à moins d'être louée, ou échoue lamentablement par un revirement grinçant du sort. Le funeste destin n'épargne aucun stade de la vie humaine, y compris le ventre de la mère, pas même le règne animal qui fait preuve d'une ingéniosité qui n'a d'égal que sa détermination. L'humour est évidemment d'un noir profond. Mais il laisse aussi entendre que la mort n'est pas nécessairement désespérante. Au contraire, elle peut se faire créative, comme un ultime pied de nez au fatalisme convenu. Le titre prend alors tout son sens : La Gaya Scienza n'est autre que le titre originel, en italien, du Gai Savoir de Nietzsche. L'ouvrage est malheuresement publié à titre posthume. L.L. de Mars a vécu son oeuvre pleinement, jusqu'à expirer à l'âge de 20 ans après l'achèvement du dernier dessin en 1988. Préface de Joachim Clémence.
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Hanté par l'absurdité de la finitude humaine, ce livre de L.L. de Mars consiste en un recueil de strips peints selon de délicats camaïeux ocre, orange et bruns.
Le principe est des plus élémentaires : chacun d'entre eux met en scène un personnage incarnant la Mort qui médite et commente sa fonction et sa position, la manière dont elle est perçue et perçoit le monde en retour.Hanté par l'absurdité de la finitude humaine, ce livre de L.L. de Mars consiste en un recueil de strips peints selon de délicats camaïeux ocre, orange et bruns.
Le principe est des plus élémentaires : chacun d'entre eux met en scène un personnage incarnant la Mort qui médite et commente sa fonction et sa position, la manière dont elle est perçue et perçoit le monde en retour.