La Grande Librairie: nuit de la lecture Mucem
24 janvier 24
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"Quand on parle de polar norvégien, on pense immédiatement à Jo Nesbo, le petit blond qui trust le genre depuis des années du côté d'Oslo. Aslak Nore, un compatriote installé à Marseille vient pourtant lui damer le pion." Karen Lajon - Le JDD
"II s'appelle Aslak Nore et c'est sans doute la nouvelle grande star du polar scandinave." Olivier Mony - Sud Ouest
La matriarche d'une riche dynastie norvégienne se suicide sur le domaine familial. Elle laisse derrière elle le mystère d'un testament disparu et un manuscrit, seule trace d'un drame familial : une catastrophe maritime durant la deuxième guerre mondiale dans laquelle son mari et des centaines de personnes ont perdu la vie. Sa petite-fille se lance à la recherche de ce testament. Aidée par un journaliste, ancien agent des services du renseignement qui a ses propres motivations, elle se retrouve plongée dans le passé labyrinthique de la famille. Une histoire sombre et hantée de secrets, de trahisons et d'amours vouées à l'échec.
Le cimetière de la mer est une fresque sociale, une saga familiale et un drame sur le pouvoir et l'héritage inspiré à la fois des grands récits du XIXème siècle et des séries télévisées d'aujourd'hui. -
Je ne sais pas ce que déclenche la mort d'un père, je ne sais pas si je vais me briser me tordre ou grandir, m'élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j'espère être meilleure, progresser, j'espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j'espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (...) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »
Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d'aimer, une façon de vivre et d'observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l'existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu'il emporte. C'est le bouleversant récit d'une perte et d'un rendez-vous par la mémoire et l'amour.
« Pudique et poignant » Le Point -
Clément et son frère partent à Istanbul avec comme but de trouver la tombe de Carole, la première-née de leurs grands-parents paternels. Carole est morte quelques semaines après sa naissance, quelques années avant le départ de ses parents pour la France, eux les Arméniens d'Istanbul. Clément a interrogé ses grands-parents et ses parents, il a senti des non-dits. Il s'apercevra en Turquie, après des démarches nombreuses et infructueuses, que ce qu'il vient d'accomplir avec son frère est bien plus un travail d'introspection qu'une enquête sur un fait bien établi. Une exploration littéraire magnifique, et parfaitement réussie, de notre réalité consciente et inconsciente, des liens et des histoires familiaux et de leur influence sur nos psychés.
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Le livre du large et du long
Laura Vazquez
- Editions Du Sous Sol
- Feuilleton Fiction
- 10 Mars 2023
- 9782364686793
Une épopée versifiée, imaginée comme une exploration du monde par les actions, les gestes, les aventures.
La narratrice vit des scènes et des idées, dans son esprit et en dehors, à toute allure. Elle est tour à tour et à la fois : folle, amoureuse, malade, sage, inquiète, calmée.
Un livre comme une encyclopédie incarnée, libre et subjective, une lecture et une auscultation du monde, allant des plus petites choses : la peau, les insectes, les atomes ; aux plus larges : les populations humaines, la guerre, les ciels. Des choses les plus intérieures : les sensations, les questionnements propres ; aux plus matérielles : la médecine, l'anatomie, l'architecture.
Une foi dans le langage rendu à sa force et à sa netteté, à ses trouvailles «brisant les verrous des choses», un vif désespoir éclatant, un humour et une vivacité, un livre aussi réjouissant que troublant.
Après La Semaine perpétuelle (Éditions du sous-sol, mention spéciale du jury prix Wepler 2021) et son anthologie Vous êtes de moins en moins réels (Points, 2022), Laura Vazquez creuse une différence, un courage. -
Même si le monde meurt : ou le tout grand voyage
Laurent Gaudé
- Actes Sud
- Papiers
- 15 Novembre 2023
- 9782330183356
«Je dois savoir tous les goûts de vie. Tristesse. Mélancolie. Lenteur qui rend lourd, ça fait partie du tout. Je dois vivre et connaître tout ça, l'un et l'autre. La peur, la joie, le vague à l'âme de vie. Tout.» 17 août, 17 h 58 : c'est la date et l'heure de la fin du monde, annoncée par les scientifiques. Au milieu du chaos provoqué par cette prédiction, une femme attend un enfant qui ne naîtra pas. Vient alors pour elle l'urgence de le mettre au monde et pour lui de vivre toute une vie en seulement quelques jours.
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«L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance quand elle s'est mal passée.»Années 1980. Karel grandit avec son frère et sa soeur dans la cité Artaud, à Marseille. Tous trois rêvent d'un autre destin, loin de leur enfance dévastée par la pauvreté et la cruauté du père. En proie à des pulsions violentes, Karel craint de lui ressembler. Et si, comme lui, il abîmait ceux qui l'approchent de trop près ? Un jour, leur père est retrouvé mort, assassiné. Qui a commis ce meurtre salvateur ?
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Marseille, 1929. Lincoln Agrippa Daily, alias Banjo (comme l'instrument dont il joue dans les bars), docker occasionnel, est un Noir américain en quête de plaisirs et d'aventures.
Dans cette ville légendaire pour tous les marins du monde, il déambule, en compagnie d'amis et de connaissances de passage. C'est dans les bas-fonds, les lieux clandestins, les rades plus ou moins louches qu'ils rencontrent prositué(e)s en tout genre, marins en bordée... et surtout, des musiciens.
Porté par le blues survolté de Papa Charlie Jackson et son Shake that thing !, Banjo est une plongée dans le fantastique social cher à Mac Orlan, une fresque aux couleurs criardes, une série de tableaux où la misère côtoie le dandysme de la pègre... Un roman-opéra où les cadences du jazz se mêleraient aux airs de Carmen et de Mistinguett.
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La vie de ma mère !
Magyd Cherfi
- Actes Sud
- Litterature De Langue Francaise
- 3 Janvier 2024
- 9782330186487
Après avoir enchanté les lecteurs en réglant leur compte à ses souvenirs et à ses illusions perdues, l'ex-parolier de Zebda s'attaque au "vrai" roman pour raconter une émancipation tardive : celle d'une femme algérienne sacrifiée à sa mission de mère dans une France presque aussi rassie que raciste. Et comment, pour la rencontrer enfin, son fils - et toute la fratrie - devront apprendre, d'abord, à s'en séparer. Entre tendresse et cruauté, drôle et parfois - par surprise - bouleversant, "La Vie de ma mère ! " est une déclaration d'amour éperdu déguisée en portrait de femme crépitant.
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" J'ai eu la chance et la malchance de naître pendant la guerre, or les enfants nés dans une guerre sont particulièrement attentifs au malheur et à la difficulté de la vie. Je me souviens très bien des bombardements, ma mère, ma grand-mère, mon frère et moi vivions à Nice à cette époque-là.
Mon père était médecin en Afrique. Nous étions séparés par la guerre. Il était né sur l'île Maurice qui appartenait à l'empire britannique. Il avait été expédié au Nigeria. Du côté de ma mère aussi, ils étaient mauriciens, ils étaient venus s'installer à Paris. Dans cette famille, on est alternativement prospères puis ruinés, on vient de pays différents mais on garde quelque chose en commun, j'y vois une espèce de goût pour l'aventure et une attirance pour ce qu'on peut apprendre en voyageant.
Je descends donc de toutes ces origines et je crois que j'ai hérité de ces traits familiaux. Mon identité est là : c'est une identité nomade. "
J. M. G. Le Clézio -
« Ici je vous entends : ne le raconte pas, ne le dis pas, laisse-nous en paix avec ces histoires dégueulasses, tais-toi ! Et j'entends aussi celui qui parmi vous salive, veut les détails, tous les détails, et des images si c'était possible. Celui-là je ne le comprends pas. Il n'est pas forcément pire que moi, ne lèverait peut-être pas la main sur un oiseau. Alors ? Je ne sais pas. Je m'oblige à vous initier aux charmes de l'enfance et je vous aguerris. Ce faisant je m'aguerris. Tu respires ou bien tu es déçu, Lecteur, mon frère loup ? »
Qu'ils soient en fuite, marginalisés ou seulement de passage, les personnages des neuf nouvelles qui composent ce recueil sont confrontés aux fractures du réel.
En révélant nos vulnérabilités contemporaines, avec une écriture charnelle et poétique, Belinda Cannone rend un hommage lumineux à ceux qui peinent à trouver leur place.
Belinda Cannone est romancière et essayiste. Elle est notamment l'auteur, chez Stock, de La Tentation de Pénélope. Une nouvelle voie pour le féminisme (2010), S'émerveiller (2017) et du Nouveau Nom de l'amour (2020).